A Colmar, comme dans de nombreuses villes alsaciennes, l'histoire se lit à ciel ouvert. Suivez-nous pour la visite!
Nous nous installons pour une promenade en barque le long des canaux de la Petite Venise, quartier romantique et pittoresque de Colmar. Notre jeune guide-rameur nous fait glisser silencieusement le long de la Lauch. Un cygne nous ouvre la voie élégamment. Quelques coups de rame plus loin, nous arrivons à proximité du Quai de la Poissonnerie. Là, les façades séculaires à colombage nous racontent leur histoire...
Une observation attentive permet de repérer différentes qualités de poutres; bien droites pour les familles aisées, de second choix pour les budgets plus modestes. A l'époque, les familles les plus riches demandent des courbes dans le dessin des poutres, ce qui exige plus de main-d'oeuvre. Souvent, l'année de construction du bâtiment, le nom des propriétaires et parfois même leur métier sont mentionnés sur la façade.
Une fille reste-t-elle à marier dans la famille? Des petits coeurs percés dans les volets l'annoncent clairement à tous! Après le mariage, les coeurs seront redécoupés en un autre motif, comme un trèfle à quatre feuilles, par exemple. Autres temps, autres moyens de communication!
Début du siècle, l'illettrisme très répandu fait adopter une astuce de couleur. Selon la profession, la façade est peinte dans tel ou tel coloris. Ainsi, le petit commis de maison peut retrouver facilement la maison du boulanger (peinte en jaune), celle du boucher (en rouge) et ainsi de suite. La couleur bleue, fabriquée à partir de sel d'argent -et dès lors assez chère- est utilisée pour les notables. A la Révolution Française, les façades sont recouvertes d'un enduit uniforme afin d'abolir toute distinction. Par la suite, ces façades seront bien sûr restaurées et le patrimoine architectural pourra retrouver tout son éclat!
Pour découvrir les intérieurs de ces maisons, nous nous rendons au très beau Musée d'Unterlinden. Cet ancien couvent -sous les tilleuls comme son nom l'indique- est devenu aujourd'hui un magnifique musée (abritant entre autres le fameux Retable d'Issenheim). Les meubles d'époque si joliment peints à la main côtoient les poêles en faïence, les moules en cuivre pour les kugelhofs et d'innombrables autres trésors du passé.
Certains quartiers évoquent un métier, comme le Quartier des Tanneurs, établi bien sûr le long de l'eau. En face, l'Ancienne Douane (Koïfhus) achevée en 1480, nous rappelle l'abondance et la prospérité commerciale de la ville de Colmar en ces temps passés. Nous nous enfonçons dans la ville pour découvrir d'autres révélations. Une source intarissable nous attend...
L'Alsace, une région qui se lit à ciel ouvert!
©texte original et photos de Sophie Roggeman